Sommeil et force psychologique


On a beaucoup étudié le sommeil de nos jours et on n'est pas arrivé à une solution complète. Le sommeil est une certaine activité psychologique, disions-nous tout à l'heure : un individu qui dort n'est pas un individu qui ne fait rien, c'est un individu qui travaille, qui fait quelque chose. Il ne faut pas du tout confondre le sommeil véritable avec les différents états comateux et épileptiques, l'état de l'individu qui tombe dans le coma après l'accès ; celui là n'est pas capable de dormir, il ne dort pas ; c'est tout à fait autre chose, parce qu'il ne fait pas pendant son immobilité les modifications et les récupérations qui remplissent le sommeil.



De nos jours, on croit expliquer facilement le sommeil par une abolition des fonctions ; par exemple, les physiologistes nous diront que le sommeil est très bien expliqué par les découvertes anatomiques récentes. Et je vous renvoie à ce propos aux articles de MM. Von Bogaert, Lhermite et Camus, qui prétendent qu'il y a dans le cerveau des centres de sommeil, à la base du troisième ventricule au dessus du canal de l'hypophyse.

L'excitation de ces centres amènerait le sommeil, et leur destruction amènerait l'insomnie. Toute modification de ceux-ci modifierait le sommeil. Mais ce n'est pas une localisation du sommeil, c'est tout au plus la constatation de ce que la fonction du sommeil est assez ancienne ; l'évolution de l'humanité et des races animales peut avoir déterminé des transformations physiques, les fonctions très anciennes, comme les fonctions de la vue, de la main, ont déterminé des organes. Les premières fonctions de la marche ont déterminé les pieds ; plus tard certaines fonctions plus récentes, mais encore très reculées, ont déterminé les organes nerveux, des centres nerveux. Décrire la localisation n'est pas décrire la fonction.

Celui qui a le mieux étudié la fonction du sommeil est M. Clarapède qui, dans une série de recherches très bien résumées dans un article publié dans le Journal de Psychologie d'Octobre 1929 a dit que la fonction du sommeil était une fonction de précaution. C'est n'est pas une forme d'épuisement. Un individu qui dort n'est pas un individu épuisé ; il pourrait continuer à agir, mais il prend la précaution d'arrêter les dépenses pour ne pas s'épuiser complètement. Le sommeil permet l'accroissement des économies, il permet que la circulation dépose goutte à goutte des forces dans les réserves ? Y a-t-il une modification des forces psychologiques ?

Autrefois le vieil Hippocrate disait : le sommeil est un travail intérieur des viscères. Il est bien probable que le sommeil a un rapport avec les forces psychologiques, qu'il les prépare. En tout cas, il est incontestable qu'il y a une différence énorme entre les asthéniques capables de dormir et les asthéniques trop faibles même pour dormir. Quand l'insomnie se prolonge, elle amène toutes espèces de troubles, en particulier une diminution des forces psychologiques, une diminution des réserves. Quand le sommeil se rétablit, qu'il devient normal, il détermine au bout de peu de temps une accumulation des réserves.

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