Témoignage sur la pratique de Bernheim...




(Après avoir repris l'induction de Bernheim...)

M. Bernheim, dans le passage que nous venons de lire, parle de fixer le regard, de gestes ou de passes qu'il exécute. Mais qu'on ne s'y trompe pas tout cela pour lui est secondaire dans sa conviction, l'idée du sommeil est le seul facteur du sommeil. S'il dit au sujet «  Regardez-moi » c'est pour lui donner une contenance, et prévenir un embarras, une préoccupation qui empêcherait l'impression de l'idée de même les gestes et les passes n'ont d'autre but que d'entretenir et d'aviver l'idée du sommeil.


Du reste, j'ai eu l'avantage d'assister plusieurs fois aux opérations de M. Bernheim, le savant professeur m'y ayant, autorisé avec une bienveillance et une courtoisie auxquelles je suis heureux d'avoir l'occasion de rendre hommage, et je dois dire que, sur plus de trente personnes que je l'ai vu endormir, je n'ai jamais remarqué qu'il fît un geste ou une passe quelconque, ni qu'il recommandât à aucune de le regarder, ou de regarder quoi que ce fût.

Je le vois et l'entends encore nous disant, à nous les spectateurs, de sa voix fine, souple, caressante, qui sait si bien devenir impérieuse par instants « Tenez, vous voyez cet homme, ce garçon, etc.; eh! bien, tout à l'heure il dormira : les paupières vont devenir pesantes... elles vont clignoter, s'humecter... tenez, voilà qu'elles s'abaissent... elles se ferment... il ne pourrait plus les relever... vous ne pouvez plus ouvrir les yeux... cela vous est impossible... le sommeil gagne tout le corps... je vais lever votre bras... vous ne pouvez plus l'abaisser... impossible de l'abaisser... vous ne pouvez plus... il vous est impossible d'abaisser votre bras... »


Souvent, en effet, le patient essayait en vain d'ouvrir les yeux ou d'abaisser le bras. Puis, souvent, presque toujours, l'habile opérateur poursuivait, s'adressant à nous de nouveau « Voici que je vais lui donner un petit verre d'une boisson très bienfaisante cela va le rafraîchir, le calmer, diminuer son mal. » En même temps il prenait la main droite de l'hypnotisé, la disposait comme pour tenir un verre, puis lui présentant deux de ses doigts en guise de coupe « Tenez bien, ajoutait-il, prenez garde de verser. buvez. » Et le patient buvait sa liqueur imaginaire avec une satisfaction visible. Le sommeil était dès lors assez profond pour qu'on pût procéder, s'il était utile, a d'autres expériences.


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