Déclin de l'hypnotisme...




En poursuivant ces études de psychologie normale et pathologiques, nous n'approuvions pas complètement les tentatives à notre avis prématurées et les prétentions démesurées des guérisseurs qui voulaient appliquer immédiatement des notions aussi insuffisantes à la guérison de toutes les maladies. Mais nous pensions que ces applications de l'hypnotisme n'étaient qu'à leur début, qu'elle se transformeraient peu à peu en devenant plus scientifique et nous avions l'illusion de travailler à quelque chose d'imparfait sans doute, mais de jeune et de très durable.
 

Un événement survint que ni les guérisseurs ni les psychologues n'avaient prévu, c'est que l'hypnotisme n'eut pas le temps de se transformer, c'est qu'il mourut très rapidement et qu'il disparut complètement. Après la mort de Charcot en 1892, il semblait que la doctrine rivale de la sienne devait se développer énormément : il n'en fut rien, elle resta quelques années stationnaire, puis elle déclina très rapidement.

Ce fut en France et dans les pays voisins, Belgique et Suisse, où l'hypnotisme avait débuté que la décadence se manifesta tout d'abord. Il était tout naturel qu'à la Salpètrière on renonçât à des études qui avaient si mal réussi et, après la mort de Charcot, j'étais à peu près le seul à m'y intéresser encore. Mais ce qui était plus étonnant c'est que dans tous les autres milieux médicaux il en fut de même : on ne niait pas l'hypnotisme, on ne mettait pas en doute la puissance reconnue de la suggestion, on n'en parlait plus, voilà tout....

Ce qui est plus caractéristique encore, c'est le ton que prennent beaucoup de médecins parmi ceux-là même qui s'occupent de psychothérapie, quand il leur arrive de parler de l'hypnotisme. Ce traitement, qui nous avait été présenté comme simple, innocent, accessible à tous, devient maintenant un traitement assez dangereux, bon pour certains névropathes que l'on n'ose pas mépriser tout haut,mais que l'on n'estime pas...

Mais ce qui devient tout à fait amusant ce sont les accusations d'immoralité portées contre l'hypnotisme par les médecins eux-mêmes. En 1890, quand nous voulions hypnotiser un malade, nous étions quelquefois obligés de nous défendre contre les préjugés moraux ou religieux de la famille, de demander l'autorisation du prêtre ou du pasteur. Ceux-ci ont montré en général beaucoup de libéralisme et ont bien compris que la suggestion hypnotique n'était pas plus immorale que le chloroforme ou la morphine. Mais quelques années plus tard voici que les médecins eux-mêmes se montrent moins libéraux que les ecclésiastiques et accusent ce malheureux hypnotisme de toutes les immoralités...

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