Les formes de suggestions selon Bernheim...



Quels sont les procédés de cette suggestion thérapeutique, quel est le modus faciendi de la psychothérapie?




Le plus simple, le plus naturel pour introduire l'idée dans le cerveau, c'est l'affirmation verbale. Affirmer la disparition du trouble, douleur, faiblesse, aphonie, etc., cela peut suffire quelquefois... Dans l'affirmation, cependant, il y a autre chose que la simple parole. Elle peut être impérative, brutale, ou bien douce et insinuante. Son influence varie avec l'intonation, le timbre de la voix, le geste qui l'accompagne, le prestige et l'autorité de celui qui parle, la modalité psychique de celui à qui elle s'adresse.


2° Est-elle plus efficace, lorsqu'au lieu d'être faite à l'état de veille, elle est faite dans l'état dit hypnotique, ou sommeil provoqué ? Nous avons vu que le cerveau, dit hypnotisé, n'obéit pas aveuglément à la suggestion impérative. Sans doute chez quelques uns,un certain degré de sommeil provoqué augmente peut-être l'efficacité de la suggestion, parce qu'ils sont plus concentrés sur l'idée imposée qu'ils contrôlent moins, et aussi parce qu'ils peuvent penser que la suggestion est infaillible dans cet état...



3° Plus suggestive peut être la parole, lorsqu'au lieu d'être seulement affirmative, elle est explicative, lorsqu'elle est renforcée par des éléments de persuasion, C'est la suggestion persuasive, Cette persuasion peut être rationnelle, s'appuyer sur des
raisons ; ou émotive, s'appuyer sur des sentiments; elle peut être l'un et l'autre...

La persuasion par le sentiment, par l'émotivité peut réussir là où la persuasion simplement démonstrative a échoué. Un paraplégique psychique peut retrouver ses jambes pour sauver son enfant qui va tomber par la fenêtre, un psychonerveux aphone pourra retrouver sa voix pour lui crier de s'arrêter au bord d'un précipice. Une parole qui va à l'âme, un choc émotif, un enthousiasme subit, une diversion morale, le sentiment religieux peuvent favoriser l'idéo-dynamisme curateur...

5° Dans d'autres cas, la persuasion seule peut échouer, qu'elle fasse appel à la raison ou au sentiment. Elle peut devenir plus efficace, quand elle est active, quand elle n'est pas purement théorique, quand elle est une leçon de choses qui fait agir le malade. C'est l'éducation du sujet, que j'appelle depuis longtemps l'entraînement suggestif actif... Beaucoup savent vouloir énergiquement, mais leur volonté est impuissante, inhibée par des impressions autosuggestives, sensations, faiblesse, douleurs, idées qui s'interposent entre elle et sa réalisation. L'éducation doit affranchir la volonté, la dégager des impressions psychonerveuses qui empêchent son efficacité...

La suggestion peut être déguisée ou renforcée par des pratiques matérielles. Le massage, l'hydrothérapie, les stations thermales, l'électrisation, diverses médications, certains régimes alimentaires, etc., peuvent avoir, outre leur valeur thérapeutique réelle, une valeur suggestive...

7° Il y a enfin des malades ou des maladies rebelles à toutes les suggestions, directes ou aidées de pratiques rationnelles. Ces pratiques alors doivent être des subterfuges, destinées à tromper le sujet pour actionner sa suggestibilité à son insu...

8° Un mot encore sur la suggestion par dérivation psychique ou substitutive. Elle consiste à
donner au malade de nouvelles impressions qui se substituent à l'impression psychonerveuse. Sans doute,les méthodes précédentes peuvent les créer. Mais il est bon que le médecin les développe systématiquement, adaptées à l'individualité et aux troubles fonctionnels...

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