Les procédés d'hypnotisation : Les passes
Je ne cite que pour mémoire le baquet et la baguette de Mesmer, procédés charlatanesques qui ne pouvaient agir que par l'intermédiaire d'une imagination fortement surexcitée, et qui produisaient alors des crises violentes et redoutables, ce qui explique suffisamment le dédaigneux oubli dans lequel ils sont tombés. De tout l'arsenal de Mesmer, les passes seules, les mouvements rythmiques des mains, ont survécu. Non seulement Puységur, Deleuze, le général Noizet, le baron Du Potet, Teste, et autres successeurs directs de Mesmer, s'en sont servis; mais, de nos jours même, de savants hypnotiseurs y ont parfois recours, concurremment avec d'autres procédés.
Tel est M. Charles Richet, qui résume ainsi sa manière d'agir: « Je fais mettre le patient dans un fauteuil, bien en face de moi ; puis je prends chacun de ses pouces dans une main et les serre assez fortement,mais d'une manière uniforme. Je prolonge cette manœuvre pendant trois à quatre minutes; en général, les personnes nerveuses ressentent déjà une sorte de pesanteur dans les bras, aux coudes, et surtout aux poignets. Puis je fais des passes, en portant la main étendue sur la tête, le front, les épaules, mais surtout sur les paupières. Les passes consistent à faire des mouvements uniformes de haut en bas, au-devant des yeux, comme si, en abaissant les mains, on pouvait faire fermer le paupières. Au début de mes tentatives, je pensais qu'il était nécessaire de faire fixer un objet quelconque par le patient; mais il m'a semblé que c'était là une complication inutile. La fixation du regard a peut-être quelque influence, mais elle n'est pas indispensable. »
Ainsi les passes peuvent, sans-aucun doute, produire l'hypnotisme : mais elles déterminent plutôt la léthargie, la torpeur et autres phénomènes peu intéressants, que le somnambulisme proprement dit.
