De l'intérêt de la suggestion impérative...




La grossesse rendant les femmes plus nerveuses, plus irritables, elles sont, en cet état, encore plus que jamais exposées à recevoir le contre-coup d'une idée affective; aussi, rien donc d'étonnant à ce que quelques-unes d'entre elles, pour peu que leur attention se replie vivement sur une impression sentie, ne tombent avec facilité dans une des formes morbides analogues au sommeil, ce qui ne serait pas arrivé auparavant pour une cause aussi légère.


Si les attaques de convulsions puerpérales tendent à se renouveler, c'est qu'une fois que l'attention a pris le chemin de se concentrer sur une idée, elle y va ensuite d'elle-même, par habitude, à l'insu des malades et pour la cause la plus insignifiante, la moins sentie; de là, la répétition d'accès nombreux et involontaires.  

Les malades, et nous ne parlons pas seulement des éclamptiques, mais de tous ceux qui sont exposés à des accidents intermittents de même nature, laissent leur attention se détendre avec la même inconscience que les dormeurs, les fous s'objectivent instantanément des idées images, et que la femme de notre observation se prédisait des accès arrivant à heure fixe;elle ne se doutait pas plus qu'elle créait son mal, que les rêveurs ne soupçonnent qu'ils sont, eux-mêmes, les auteurs des personnages de leurs rêves. 

Si, dans le cas présent, malgré une cause progressive prédisposant à la gravité croissante de convulsions puerpérales, nous sommes arrivé à suspendre des accès violents de cette maladie, combien doit-on espérer de notre méthode, non-seulement pour la cure de cette affection, mais aussi pour celle des affections de la même famille, quand surtout elles ne sont pas compliquées de lésions organiques.

C'est en soignant Mme C. que nous avons acquis la certitude que la suggestion impérative, suggestion ne permettant pas à la pensée de divaguer, est de tous les procédés de thérapeutique morale, le plus sûr et le plus expéditif. C'est pour avoir abandonné cette personne à ses rêveries et à ses prescriptions, c'est pour nous être contenté de la mettre dans le sommeil et de nous en rapporter à elle, quant au mode de traitement à suivre, que nous avons vu se développer, dans son organisme, ces accidents morbides, pures créations psychiques formulées et prédites longtemps d'avance...

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