Entrer dans la réalité de la personne



ERICKSON : La série d’interventions d’Erickson suit un schéma identifiable. Un schéma comparable peut être retrouvé dans de nombreux cas d’Erickson (cf. Haley, 1973). Ce schéma peut être divisé en trois éléments principaux, qui se produisent dans l’ordre suivant:


(1) rencontrer le patient là où il se trouve;

JANET : Quand on examine la malade pendant ses convulsions et ses cris de terreur, on est disposé à croire qu'elle n'a conscience de rien, on peut lui crier aux oreilles sans qu'elle réponde, la piquer et la brûler sans qu'elle réagisse. C'est là, comme on sait, une illusion, les phénomènes conscients ne sont pas abolis ; mais l'esprit des malades absorbé par une idée envahissante n'est plus capable de les percevoir ni d'en conserver le souvenir. Il suffit, pour provoquer des manifestations intelligentes, de déterminer des phénomènes en rapport avec ceux que la malade perçoit encore, d'entrer pour ainsi dire dans le rêve. Au moment où Justine s'écrie : « Le choléra, il va me prendre..", je lui réponds : « Oui, il te tient par la jambe droite », et la voici qui retire violemment sa jambe droite.



ERICKSON : (2) établir de petites modifications compatibles avec le comportement et la compréhension du patient et en découlant; et
JANET : De cette façon, on arrive, avec un peu de patience, à provoquer des réponses et à causer même avec la malade : « Où est-il donc ton choléra ? - Là, vous voyez bien, ce mort tout bleu, comme ça pue ! ». Quand on en est arrivé à ce point, on peut diriger l'esprit lentement sur d'autres sujets et causer un peu de choses et d'autres. Il est vrai que la conversation va être fréquemment interrompue par des contorsions et des cris de terreur, mais elle sera bientôt de plus en plus complète...

ERICKSON : (3) susciter des comportements et des compréhensions du patient d'une manière qui lui permette d'initier un changement.

JANET  : Dans les premières expériences, nous étions obligé de provoquer l'attaque avant de faire naître cet état somnambulique, plus tard il fut possible de supprimer presque complètement les convulsions du début et de provoquer le somnambulisme plus directement.



ERICKSON : La mise en place de petites modifications par le thérapeute pave la voie pour de futures compréhensions de la part du patient, qui peut ainsi être orienté dans une direction plus positive. On peut penser que la plupart des patients ont plus ou moins le désir de fonctionner d'une manière plus efficace et plus agréable. Grâce à la technique des petites modifications, le patient peut se servir de son désir de fonctionner d'une manière plus efficace. 

JANET : Ce procédé, qui consiste à transformer l'attaque d'hystérie en somnambulisme, présente un grand intérêt théorique, il est aussi pratiquement utile. Aux nombreux exemples que nous avons rapportés nous pouvons en joindre un nouveau. Gu., parmi différents symptômes d'hystérie, présente des attaques violentes qui surviennent en apparence sans cause ; en outre, elle a une horreur singulière pour la couleur rouge et elle est obsédée au point de voir fréquemment des points rouges devant elle et une teinte rouge sur tous les objets. On peut appeler ce dernier symptôme de l'érytropsie, mais cela ne l'explique guère. Il est impossible de l'endormir ni d'obtenir d'elle un renseignement sur ses attaques et son horreur du rouge. Pendant une attaque, je l'entends parler : « Ôtez-le, ôtez la bière, fermez-là, je ne veux plus voir sa tête, oh ! Ce tas de fleurs rouges, ôtez-les ! ». Je déclarai à la malade toujours en attaque que j'allais ôter les fleurs rouges, elle répondit : «  Non, elles sont là – Eh bien ! J'ajoute des violettes – Je veux bien ». Et la conversation s'engage. Pendant très longtemps, il a été impossible de provoquer le somnambulisme de GU., autrement que par ce procédé.

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