Juste faire confiance à son inconscient : un mythe ?


Mythe n°3 : L'approche ericksonienne
ne nécessite pas de préparation, juste faire confiance à votre inconscient pour faire la bonne chose


Cette fausse hypothèse revient à faire entrer un sujet en transe et à lui raconter l’histoire qui lui vient à l’esprit. Ceci est une fausse hypothèse dangereuse qui a été promue dans de nombreux ateliers de formation en communication pour les non professionnels. Je ne sais pas dans quelle mesure cette idée est partagée par des professionnels qualifiés. Cependant, cette conviction est attrayante pour les cliniciens inexpérimentés, car elle stipule que l'éducation formelle, la formation, la supervision professionnelle, la retenue et la sagesse éthique ne sont pas nécessaires pour le thérapeute.

En conséquence, on peut s’attendre à ce que les cliniciens moins expérimentés adoptent une telle idée. Bien que ce ne soit pas le contexte approprié pour exposer le sujet au contre-transfert, il suffit simplement d’illustrer que cette idée ne découle pas du travail d’Erickson. Erickson souhaitait que les clients se fient à eux-mêmes et développent leur propre sens des capacités pour faire confiance à leurs expériences inconscientes, mais il ne voulait en aucun cas effectuer une thérapie en l'absence de professionnalisme, de connaissances conscientes ou de conduite non examinée. Il était bien connu pour avoir fait de gros efforts pour préparer ses interventions. On raconte souvent qu'il a travaillé sans relâche à une induction de 20 pages jusqu'à ce qu'elle soit réduite à une induction d'une page et demie après de nombreux brouillons. Ce processus de préparation minutieuse a été répété pour de nombreux cas enregistrés (Erickson et Rossi, 1989).

Cependant, même si Erickson élaborait des plans de traitement, effectuait des évaluations en continu et prenait des mesures judicieuses autant que possible, son intention de permettre et d’utiliser les réponses uniques du client lui laisserait des moments où il devait agir sans bien comprendre la situation. Erickson fit quelques remarques concernant ces moments de confusion. «Je sais que lorsque je traite avec des patients, je souhaite souvent savoir exactement ce que je faisais et pourquoi, au lieu de sentir, comme je sais l'avoir déjà fait avec deux patients, que j’agissais de manière aveugle et intuitive pour provoquer une réponse encore indéterminée avec laquelle, quelle qu’elle soit, j’aurais affaire »(Erickson, 1966, p. 62).

Bien que cela semble contredire les remarques précédentes, il ne s’agit que d’une analyse introspective minutieuse sur le moment, au contact direct d'Erickson avec ses clients. Cela ne définissait pas son approche globale. Il a parfois évoqué le mythe du lit de Procuste* pour illustrer le fait qu’un thérapeute ne devrait pas interrompre les expériences du client pour les adapter à sa position théorique préférée. Bien qu’il disposât d’une carte globale de l’orientation de la thérapie, il était capable de prendre des détours qui permettraient d’adapter les réponses uniques des clients.

*
Dans la mythologie grecque, Procuste avait la particularité de couper les membres de ses hôtes ou de les écarteler pour qu'ils rentrent dans le lit qu'il leur offrait.

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