Meurtre sous hypnose


Ne trouve pas qui veut un somnambule au plus haut degré de concentration d'esprit; je n'ai rencontré que quatre ou cinq sujets sur cent parmi ceux que j'ai soumis à l'hypnotisation, sujets par l'intermédiaire desquels on aurait pu sûrement faire commettre les crimes les plus épouvantables et que l'on n'exécute que dans certains cas de folie.

Ce qui a trompé les expérimentateurs qui ont admis l'impossibilité de faire réaliser des crimes, c'est le choix peu réfléchi qu'ils ont fait de ceux auxquels ils ont voulu les imposer. Aussi ne faut-il pas s'étonner s'ils ont rencontré dans ceux-ci des sujets désobéissant aux ordres donnés, du moment que ceux-ci étaient contraires à leurs principes moraux ou à leurs intérêts. Et encore ces dormeurs auraient-ils peut-être cédé à leurs injonctions, si elles avaient été insinuées dans leur esprit avec art et insistance. »

Voici une expérience du Dr Voisin :

« Nous avons suggéré à une femme, pendant le sommeil provoqué, d'aller, à son réveil, s'emparer d'un couteau véritable et d'aller en frapper un mannequin couché dans un lit. Ce mannequin, affublé d'une robe et coiffé d'un bonnet simulant à s'y méprendre à une femme couchée. En outre, nous lui avons intimé fermement l'ordre de ne dire à personne l'action qu'elle allait commettre et surtout de ne pas dévoiler que c'était nous qui lui avions commandé cet acte. A son réveil, elle se dirige rapidement vers la table, saisit l'arme et s'approchant brusquement du lit, elle frappa la femme couchée d'un grand coup de couteau, machinalement, sans la moindre expression sur le visage, agissant comme si elle était mue par un ressort. Elle attendit un instant, puis revint à sa place et ne parut se souvenir de rien.

Cependant, au bout de trois jours, nous revoyons notre sujet; la malade était triste, sombre, le visage pâli, les traits tirés comme à la suite de grands chagrins et de longues veillées. « Depuis trois nuits, dit-elle avec anxiété, je ne dors plus; j'ai d'affreux cauchemars, je crois voir une femme qui me poursuit sans cesse et m'accuse de l'avoir assassinée. Je ne puis me débarrasser de cette horrible obsession.» . Mise de nouveau dans le sommeil hypnotique, nous lui demandons s'il est vrai qu'elle avait assassiné et qui lui avait ordonné le crime. Elle nous répondit qu'en effet elle avait assassiné et que c'était nous-même l'instigateur du crime. Nous lui disons alors que toute cette histoire de crime n'était qu'une plaisanterie, que la femme n'était qu'un mannequin, et que désormais ses nuits seraient calmes et sans cauchemars, sans la vision de l'assassinée. Cette suggestion se réalisa; elle reprit sa physionomie tranquille; son sommeil redevint paisible sans nouvelles visions terrifiantes. »

Cette souffrance, cette anxiété qui obsédait le sujet après l'accomplissement de l'acte criminel suggéré sont la meilleure preuve de la sincérité de l'hypnotisée.

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