Le point sur les méthodes d'induction


 

L'hypothèse la plus simple,celle qu'on tend à adopter aujourd'hui, c'est que, si un sujet s'endort, c'est par suggestion, verbale ou non verbale, que par conséquent toutes les passes, dites magnétiques,sont accessoires, inutiles (sinon peut-être comme symboles de la suggestion). Ainsi, dit-on, il ne se dégage pas de fluide magnétique, mais le demi-silence, la demi-obscurité, une certaine tension d'esprit provoquée par ces manœuvres, une série de suggestions, exprimées ou tacites, parviennent à mettre un sujet en état d'hypnose.

L'émotion un peu dramatique qu'amènent les passes contribue aussi au sommeil. Plus tard, après qu'un demi-sommeil a été une première fois obtenu, l'éducation et l'habitude jouent, pour les sommeils ultérieurs, un rôle prépondérant. Les passes ne sont toujours que symboles. Si un individu a été endormi une fois, il sera ensuite, non seulement par le même magnétiseur, mais même par d'autres individus, facilement endormi. Il n'y aurait donc nul besoin d'invoquer un fluide magnétique, une nouvelle force énergétique. Telle est au moins l'opinion actuelle de la plupart des médecins (BABINSKI).

La suggestion par imitation suffit souvent, disent-ils encore, à expliquer les phénomènes de l'hypnotisme. On sait que, dans une salle de malades par exemple, ou dans une caserne, ou dans une école, ou dans un cloître, si l'on a réussi à endormir un malade, un soldat, un enfant, ou une nonne, on parvient sans peine à endormir; la plupart de leurs camarades. Il existe une vraie contagion nerveuse, comme en témoignent les épidémies démoniaques,observées au moyen âge, convulsionnaires ou hystériques,à des époques plus récentes.

Chez les animaux, une sorte de sommeil hypnotique se produit, par la fixation d'un objet brillant.On peut, comme déjà l'a indiqué le Père KIRCHER au XVIIe siècle, paralyser les mouvements d'une poule en la mettant sur le dos et en traçant à partir de son bec une raie blanche sur le sol. De même, en faisant regarder fixement à certaines personnes un objet brillant, une boule de cristal, par exemple, on provoquerait, dit-on, l'état d'hypnose.
Je n'ai jamais rien pu constater d'analogue. Chez les sujets habitués, le sommeil magnétique survient sans doute par la fixation d'un objet brillant. Mais chez ceux-là tout endort. Bientôt les yeux se ferment, et il y a une insensibilité, d'abord peu marquée, mais qui va bientôt en s'accentuant, à mesure que la conscience disparaît.

A cette méthode d'hypnotisme par un objet brillant, il faut rattacher sans doute l'hypnotisme par fascination. Un individu nommé DONATO était doué à cet égard d'une puissance (ou d'une habileté) prodigieuse. Dans une salle de théâtre, pleine de spectateurs, il choisissait cinq, six, douze, vingt personnes, qui assurément n'étaient ni des compères, ni des complices. Il les amenait sur la scène, les regardait fixement, les yeux dans les yeux, et, au bout d'une demi-minute, peut-être plus vite encore, parvenait à les rendre automates, à leur faire perdre toute initiative. Si au bout d'une demi-minute il n'avait pas réussi, — ce qui arrivait assez souvent, — il laissait de côté le sujet rebelle et passait à un autre. En quelques minutes, il avait récolté ainsi une quinzaine d'individus, le plus souvent de très jeunes gens, qui lui obéissaient docilement, suivaient tous ses mouvements et acceptaient les suggestions (verbales) les plus invraisemblables.

On a rapproché ces cas de fascination de la fascination qu'exercent parfois les regards des animaux ; celui du chien d'arrêt, ou du serpent. Mais ce ne sont que des analogies assez vagues. Quoi qu'il en soit, le sommeil hypnotique peut être provoqué non pas chez tous les individus, mais chez beaucoup d'individus, par certaines manœuvres. Et ces manœuvres sont différentes : passes, fixation d'un objet brillant, fixation parle regard, suggestion verbale. L'imitation et la répétition favorisent beaucoup les phénomènes.

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